Fortuné Gankpé 1, Bernard Seytre,2
1. Département Santé/Université Senghor d'Alexandrie; 2. BNS Communication, France
1. Département Santé/Université Senghor d'Alexandrie; 2. BNS Communication, France
Sujet 1 : plan de communication
1ère partie
1.
exposé et analyse de la situation
Nous avons choisi de
travailler sur un problème de santé publique à cheval sur la médecine, la
nutrition et le développement agricole. Il s’agit des intoxications
alimentaires à l’endosulfan dans la région septentrionale du Bénin
particulièrement dans le département du Borgou. Il regroupe 8 zones sanitaires du
Bénin, représentant 23% du territoire national pour une population estimée à
724171 habitants selon le recensement général de la population et de l’habitat
3 (RGPH3) (1). Sa population est essentiellement rurale, avec
plusieurs groupes socioculturels, où les activités économiques sont dominées
par l’agriculture.
Les intoxications
alimentaires surviennent de façon récurrente dans cette région et sont liées à
l’utilisation de l’endosulfan dans la culture du coton bien connu pour sa sensibilité
aux parasites et prédateurs. Sa disponibilité dans les pays africains et sur le
marché béninois en particulier s’explique par son coût relativement faible du
fait de la péremption de son brevet, son effet polyvalent contre un grand
nombre de parasites et il est largement utilisé dans les cultures maraichères
et les champs de coton, thé et café, et dans la conservation des cultures
vivrières, etc. (2) Malheureusement son innocuité sur l’organisme humain
n’est pas absolue et on assiste à de nombreux cas d’intoxications alimentaires
dans la population exposé à ce risque. 347 cas dont 53 décès soit une létalité
de 15% ont été enregistrés dans une étude menée entre 2001 et 2013 par le
Pestizid Akctions-Netzwerk (PAN UK) au Bénin (3). Entre mai 2007 et juillet 2008, Badarou et Coppieters
ont enregistré dans leur étude 105 cas avec un taux de létalité à 9% dans la
même zone sanitaire de Tchaourou avec un pic en novembre, période coïncidant
avec les récoltes et la conservation des tubercules. L’aliment mis en cause est
l’igname dans 100% des cas dans leur étude (2).
Quelle est la pratique
des patients en la matière ? Badarou décrit que les femmes dans le but de
conserver les tubercules d’igname afin de pouvoir les revendre en période de
soudure, les font tremper dans une solution d’endosulfan puis les font sécher. Elles
pensent que le risque est nul après 8mois de conservation. Des raticides sont
aussi utilisés dans la conservation. Par ailleurs, dans certaines
circonstances, ces femmes utilisent les flacons vides d’endosulfan pour garder
les ingrédients entrant dans la préparation des aliments (2). Tous ces facteurs aboutissent à la survenue des cas
d’intoxications qui touchent selon le mode de survenu purement alimentaire
toute une famille où toute la fratrie peut disparaitre par décès.
Quelles peuvent être
dans ces conditions les difficultés de la situation ?
Les difficultés sont
multifactorielles mais reposent toutes sur le niveau socioéconomique des
populations. D’abord, les produits indiqués dans la conservation sont
indisponibles et lorsqu’ils existent sont extrêmement chers. Ainsi donc le coût
relativement faible, l’accessibilité facilitent le recours à l’endosulfan.
Ensuite, l’ignorance et les idées pré conçues sur la durée des effets de
l’endosulfan contribuent à ce recours.
Au vu de cela, le plan
de communication envisageable devra intégrer une politique d’information,
éducation et communication pour un changement de comportement (IEC/CC) à
l’endroit des populations à la base en priorité les agriculteurs et dans un
deuxième temps s’intéresser aux autorités politico-administratives à travers un
plaidoyer pour la mise à disposition à coût réduit de produits de conservation
et traitement des cultures.
2.
Cibles
Agriculteurs : ce
sont des producteurs de niveau socioéconomique bas, analphabètes mais qui
suivent des émissions radios.
Autorités
politico-administratives
3.
Stratégies de communication
Notre stratégie de
communication empruntera le modèle de communication pour un changement de
comportement (IEC/CC) selon l’approche COMBI. Le volet évaluation sera pris en
compte également. Elle se décline en activités ci-après :
- Organisation d’un atelier d’implication des chefs de village, des
responsables d’organisations des producteurs de leur adhésion aux activités
- Formation des animateurs chargés de la sensibilisation
- Organisation par les animateurs
des séances communication interpersonnelles : séance éducative, entretien
individuel abordant les conséquences de l’utilisation de l’endosulfan
- Organisation des émissions radios
« atchakodji » (c’est un thème dans une langue du Bénin qui signifie
sous l’’arbre à palabre) au cours desquelles les sujets relatifs à la conservation
des produits vivriers seront débattus.
- Information du crieur public
- Plaidoyer auprès des autorités pour la mise à
disponibilité des produits adéquats
- Superviser les animateurs dans la réalisation des activités de sensibilisation
2ème partie : description de la mise en
œuvre
1.
Objectifs de communication :
Objectif général : réduire le nombre de cas d’intoxications alimentaires à
l’endosulfan
Objectifs spécifiques :
Sensibiliser les
agriculteurs sur les effets de l’usage de l’endosulfan
Faire abandonner l’usage
de l’endosulfan par les agriculteurs dans la conservation des cultures
Rendre disponible à
moindre coût les produits indiqués dans le traitement des cultures
2.
Résultats attendus
Tous les agriculteurs de
la zone sanitaire de Tchaourou sont informés et comprennent les conséquences des
effets de l’usage de l’endosulfan.
Tous les agriculteurs
ont abandonné l’usage de l’endosulfan.
Les autorités politico-administratives
mettent à disposition des agriculteurs des produits.
Il n’a plus de cas
d’intoxications alimentaires à l’endosulfan.
3.
Moyens
Il y a les :
- ressources humaines : ce sont les animateurs qui
seront chargés de la sensibilisation dans les villages. Ils seront
préalablement formés sur les techniques de communication et sur les sujets de
la conservation des aliments.
- ressources financières : elles seront recherchées
auprès des partenaires techniques et financiers avec la possibilité de faire
intervenir le budget des communes.
- ressources matérielles : il s’agira des matériels de
communication tels que les boites à images, les affiches, les spots
publicitaires, etc.
4.
Plan d’action et chronogramme
Activités
|
Période
|
Intervenants
|
|
Organisation d’un atelier d’implication des chefs de village, des responsables d’organisations des
producteurs de leur
adhésion aux activités
|
Janvier 2012
|
Chef projet
Chefs villages
Responsables de producteurs
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|
Formation des animateurs chargés de la sensibilisation
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Identification des formateurs
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Janvier 2012
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Chef de projet
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Conception des modules de formation
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1ère semaine de février
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Formateurs
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Identification des animateurs
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2ème semaine de février
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Chef de projet et responsables des producteurs
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Exécution de la formation
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3ème semaine de février
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Formateurs
|
|
Organisation des sensibilisations
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Confection des affiches et boîtes à images
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Mars 2012
|
Chef projet
|
Séances éducatives et entretien individuel
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Avril – Décembre 2012
|
Animateurs
|
|
Emissions radio
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Avril – Décembre 2012
|
Chef projet
|
|
Message du crieur public
|
Avril – décembre 2012 (2fois/semaine)
|
Crieur public
|
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Mise à disposition des produits adéquats (Plaidoyer
auprès des autorités)
|
Janvier – mars 2012
|
Autorités politico-administratives
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Evaluation du projet
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Supervision des animateurs
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Mai – décembre (une fois/mois)
|
Chef projet
|
Suivi des cas dans les hôpitaux
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Septembre – décembre 2012
|
Responsables des hôpitaux
|
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Rédaction des rapports
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Décembre 2012
|
Chef projet
|
Sujet 2 : communiqué de presse
La région septentrionale
du Bénin est confrontée depuis quelques années et ceci de façon cyclique à une
nouvelle épidémie, les intoxications alimentaires dues à l’endosulfan. Il
s’agit d’une forme d’empoisonnement qui touche des familles et entrainent des
décès dans 10 à 15% des cas [2,3]. Elles surviennent en nombre important dans
le dernier trimestre de l’année, période coincidant avec la période de récolte
et de conservation des aliments. L’aliment incriminé ici est les tubercules d’igname
que les femmes conservent dans des solutions d’endosulfan. Et pourtant ce
produit est interdit d’utilisation au Bénin. Il circule dans le marché béninois
à cause de son coût relativement faible et son efficacité polyvalente contre
les insectes, les prédacteurs des cultures vivrières. une mauvaise utilisation
des pesticides liée à l’ignorance, la non disponibilité de pesticides
homologués utilisables sur les cultures vivrières, l’intention malveillante de
certains qui savent mais les emploient cependant dans un but mercantile, la méconnaissance
des limites maximales des résidus des pesticides par type de culture et de
produit sont les facteurs identifiés dans la survenue des cas d’intoxications. Il
faut donc faire quelque chose. C’est pour cela que la DANA (Direction de l’alimentation
et de la nutrition appliquées) conjointement avec la direction de l’agriculture
(DAGRI) ont initié un projet de sensibilisation des producteurs et des
populations à la base en général sur les conséquences de l’utilisation de
l’endosulfan. L’objectif général est de réduire d’ici à la fin de l’année, le
nombre de cas d’intoxications alimentaires dues à l’endosulfan. Plus
spécifiquement, il s’agit de :
·
Sensibiliser
les agriculteurs sur les effets de l’usage de l’endosulfan
·
Faire
abandonner l’usage de l’endosulfan par les agriculteurs dans la conservation
des cultures
·
Rendre
disponible à moindre coût les produits indiqués dans le traitement des cultures
Ce projet prévoit la
formation d’animateurs sur les techniques de communication qui seront chargés
d’aller sur le terrain sensibiliser les producteurs et transmettre des messages
forts sur les conséquences de l’utilisation de l’endosulfan. Ils organiseront
des séances éducatives, des entretiens individuels et seront aidés par le
crieur public. Les chefs traditionnels et les responsables des producteurs
seront associés à cette campagne de sensibilisation. Des émissions radios
seront organisées avec l’appui des chaines de radiodiffusion locales pour
atteindre le plus grand nombre d’individus. Le projet prévoit également un
plaidoyer auprès des autorités politico-administratives pour la mise à
disponibilité des pesticides homologués et à moindre coût. Une évaluation sera
faite à la fin et les résultats seront communiqués en temps opportun.
La santé n’a pas de prix
dit-on et il vaut mieux prévenir que guérir. Les intoxications alimentaires ne
sont pas une fatalité et on peut les prévenir. Cela n’arrive pas qu’aux autres.
Nous sommes tous concernés que nous habitions dans les régions concernées ou
pas. Les populations perdent déjà de lourdes tribus pour des maladies comme le
paludisme, la tuberculose et le VIH pour que les intoxications alimentaires
viennent anéantir les efforts des autorités sanitaires du pays. Le Bénin a
besoin plus que jamais de ses producteurs pour amorcer l’émergence tant prônée
par le chef de l’Etat, le président de la République.
Nous voudrions compter
sur le soutien de tous pour éradiquer les intoxications alimentaires dues à l’endosulfan
dans les régions septentrionales du pays.
Notre nourriture est
notre santé.
Références
2. Badarou
S, Coppieters Y. Intoxications alimentaires dues à l'endosulfan: mise en place
d'un système de notification et de prise en charge au Bénin. Environnement, Risque &
Santé. 2009;8(2):4.
3. UK P. Effects of pesticides on the
health of cotton growing families in West-Africa. Comic
relief mid-terù report. London: PAN; 2003.
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