samedi 25 février 2012

Les intoxications alimentaires au Bénin: plan de comunication

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Fortuné Gankpé 1, Bernard Seytre,2
1. Département Santé/Université Senghor d'Alexandrie; 2. BNS Communication, France 
Sujet 1 : plan de communication
1ère partie
1.    exposé et analyse de la situation
Nous avons choisi de travailler sur un problème de santé publique à cheval sur la médecine, la nutrition et le développement agricole. Il s’agit des intoxications alimentaires à l’endosulfan dans la région septentrionale du Bénin particulièrement dans le département du Borgou. Il regroupe 8 zones sanitaires du Bénin, représentant 23% du territoire national pour une population estimée à 724171 habitants selon le recensement général de la population et de l’habitat 3 (RGPH3) (1). Sa population est essentiellement rurale, avec plusieurs groupes socioculturels, où les activités économiques sont dominées par l’agriculture.
Les intoxications alimentaires surviennent de façon récurrente dans cette région et sont liées à l’utilisation de l’endosulfan dans la culture du coton bien connu pour sa sensibilité aux parasites et prédateurs. Sa disponibilité dans les pays africains et sur le marché béninois en particulier s’explique par son coût relativement faible du fait de la péremption de son brevet, son effet polyvalent contre un grand nombre de parasites et il est largement utilisé dans les cultures maraichères et les champs de coton, thé et café, et dans la conservation des cultures vivrières, etc. (2) Malheureusement son innocuité sur l’organisme humain n’est pas absolue et on assiste à de nombreux cas d’intoxications alimentaires dans la population exposé à ce risque. 347 cas dont 53 décès soit une létalité de 15% ont été enregistrés dans une étude menée entre 2001 et 2013 par le Pestizid Akctions-Netzwerk (PAN UK) au Bénin (3). Entre mai 2007 et juillet 2008, Badarou et Coppieters ont enregistré dans leur étude 105 cas avec un taux de létalité à 9% dans la même zone sanitaire de Tchaourou avec un pic en novembre, période coïncidant avec les récoltes et la conservation des tubercules. L’aliment mis en cause est l’igname dans 100% des cas dans leur étude (2).  
Quelle est la pratique des patients en la matière ? Badarou décrit que les femmes dans le but de conserver les tubercules d’igname afin de pouvoir les revendre en période de soudure, les font tremper dans une solution d’endosulfan puis les font sécher. Elles pensent que le risque est nul après 8mois de conservation. Des raticides sont aussi utilisés dans la conservation. Par ailleurs, dans certaines circonstances, ces femmes utilisent les flacons vides d’endosulfan pour garder les ingrédients entrant dans la préparation des aliments (2). Tous ces facteurs aboutissent à la survenue des cas d’intoxications qui touchent selon le mode de survenu purement alimentaire toute une famille où toute la fratrie peut disparaitre par décès.
Quelles peuvent être dans ces conditions les difficultés de la situation ?
Les difficultés sont multifactorielles mais reposent toutes sur le niveau socioéconomique des populations. D’abord, les produits indiqués dans la conservation sont indisponibles et lorsqu’ils existent sont extrêmement chers. Ainsi donc le coût relativement faible, l’accessibilité facilitent le recours à l’endosulfan. Ensuite, l’ignorance et les idées pré conçues sur la durée des effets de l’endosulfan contribuent à ce recours.
Au vu de cela, le plan de communication envisageable devra intégrer une politique d’information, éducation et communication pour un changement de comportement (IEC/CC) à l’endroit des populations à la base en priorité les agriculteurs et dans un deuxième temps s’intéresser aux autorités politico-administratives à travers un plaidoyer pour la mise à disposition à coût réduit de produits de conservation et traitement des cultures.
2.    Cibles
Agriculteurs : ce sont des producteurs de niveau socioéconomique bas, analphabètes mais qui suivent des émissions radios.
Autorités politico-administratives
3.    Stratégies de communication
Notre stratégie de communication empruntera le modèle de communication pour un changement de comportement (IEC/CC) selon l’approche COMBI. Le volet évaluation sera pris en compte également. Elle se décline en activités ci-après :
-       Organisation d’un atelier d’implication des chefs de village,  des responsables d’organisations des producteurs de leur adhésion aux activités
-       Formation des animateurs chargés de la sensibilisation
-       Organisation par les animateurs des séances communication interpersonnelles : séance éducative, entretien individuel abordant les conséquences de l’utilisation de l’endosulfan
-       Organisation des émissions radios « atchakodji » (c’est un thème dans une langue du Bénin qui signifie sous l’’arbre à palabre) au cours desquelles les sujets relatifs à la conservation des produits vivriers seront débattus.
-       Information du crieur public
-       Plaidoyer auprès des autorités pour la mise à disponibilité des produits adéquats
-       Superviser les animateurs dans la réalisation des activités de sensibilisation

2ème partie : description de la mise en œuvre
1.    Objectifs de communication :
Objectif général : réduire le nombre de cas d’intoxications alimentaires à l’endosulfan
Objectifs spécifiques :
Sensibiliser les agriculteurs sur les effets de l’usage de l’endosulfan
Faire abandonner l’usage de l’endosulfan par les agriculteurs dans la conservation des cultures
Rendre disponible à moindre coût les produits indiqués dans le traitement des cultures
2.    Résultats attendus
Tous les agriculteurs de la zone sanitaire de Tchaourou sont informés et comprennent les conséquences des effets de l’usage de l’endosulfan.
Tous les agriculteurs ont abandonné l’usage de l’endosulfan.
Les autorités politico-administratives mettent à disposition des agriculteurs des produits.
Il n’a plus de cas d’intoxications alimentaires à l’endosulfan.

3.    Moyens
Il y a les :
-       ressources humaines : ce sont les animateurs qui seront chargés de la sensibilisation dans les villages. Ils seront préalablement formés sur les techniques de communication et sur les sujets de la conservation des aliments.
-       ressources financières : elles seront recherchées auprès des partenaires techniques et financiers avec la possibilité de faire intervenir le budget des communes.
-       ressources matérielles : il s’agira des matériels de communication tels que les boites à images, les affiches, les spots publicitaires, etc.

4.    Plan d’action et chronogramme
Activités
Période
Intervenants
Organisation d’un atelier d’implication des chefs de village,  des responsables d’organisations des producteurs de leur adhésion aux activités

Janvier 2012
Chef projet
Chefs villages
Responsables de producteurs
Formation des animateurs chargés de la sensibilisation
Identification des formateurs
Janvier 2012
Chef de projet
Conception des modules de formation
1ère semaine de février
Formateurs
Identification des animateurs
2ème semaine de février
Chef de projet et responsables des producteurs
Exécution de la formation
3ème semaine de février
Formateurs
Organisation des sensibilisations
Confection des affiches et boîtes à images
Mars 2012
Chef projet
Séances éducatives et entretien individuel
Avril – Décembre 2012
Animateurs
Emissions radio
Avril – Décembre 2012
Chef projet

Message du crieur public
Avril – décembre 2012 (2fois/semaine)
Crieur public
Mise à disposition des produits adéquats (Plaidoyer auprès des autorités)
Janvier – mars 2012
Autorités politico-administratives
Evaluation du projet
Supervision des animateurs
Mai – décembre (une fois/mois)
Chef projet
Suivi des cas dans les hôpitaux
Septembre – décembre 2012
Responsables des hôpitaux
Rédaction des rapports
Décembre 2012
Chef projet

Sujet 2 : communiqué de presse
La région septentrionale du Bénin est confrontée depuis quelques années et ceci de façon cyclique à une nouvelle épidémie, les intoxications alimentaires dues à l’endosulfan. Il s’agit d’une forme d’empoisonnement qui touche des familles et entrainent des décès dans 10 à 15% des cas [2,3]. Elles surviennent en nombre important dans le dernier trimestre de l’année, période coincidant avec la période de récolte et de conservation des aliments. L’aliment incriminé ici est les tubercules d’igname que les femmes conservent dans des solutions d’endosulfan. Et pourtant ce produit est interdit d’utilisation au Bénin. Il circule dans le marché béninois à cause de son coût relativement faible et son efficacité polyvalente contre les insectes, les prédacteurs des cultures vivrières. une mauvaise utilisation des pesticides liée à l’ignorance, la non disponibilité de pesticides homologués utilisables sur les cultures vivrières, l’intention malveillante de certains qui savent mais les emploient cependant dans un but mercantile, la méconnaissance des limites maximales des résidus des pesticides par type de culture et de produit sont les facteurs identifiés dans la survenue des cas d’intoxications. Il faut donc faire quelque chose. C’est pour cela que la DANA (Direction de l’alimentation et de la nutrition appliquées) conjointement avec la direction de l’agriculture (DAGRI) ont initié un projet de sensibilisation des producteurs et des populations à la base en général sur les conséquences de l’utilisation de l’endosulfan. L’objectif général est de réduire d’ici à la fin de l’année, le nombre de cas d’intoxications alimentaires dues à l’endosulfan. Plus spécifiquement, il s’agit de :
·         Sensibiliser les agriculteurs sur les effets de l’usage de l’endosulfan
·         Faire abandonner l’usage de l’endosulfan par les agriculteurs dans la conservation des cultures
·         Rendre disponible à moindre coût les produits indiqués dans le traitement des cultures
Ce projet prévoit la formation d’animateurs sur les techniques de communication qui seront chargés d’aller sur le terrain sensibiliser les producteurs et transmettre des messages forts sur les conséquences de l’utilisation de l’endosulfan. Ils organiseront des séances éducatives, des entretiens individuels et seront aidés par le crieur public. Les chefs traditionnels et les responsables des producteurs seront associés à cette campagne de sensibilisation. Des émissions radios seront organisées avec l’appui des chaines de radiodiffusion locales pour atteindre le plus grand nombre d’individus. Le projet prévoit également un plaidoyer auprès des autorités politico-administratives pour la mise à disponibilité des pesticides homologués et à moindre coût. Une évaluation sera faite à la fin et les résultats seront communiqués en temps opportun.
La santé n’a pas de prix dit-on et il vaut mieux prévenir que guérir. Les intoxications alimentaires ne sont pas une fatalité et on peut les prévenir. Cela n’arrive pas qu’aux autres. Nous sommes tous concernés que nous habitions dans les régions concernées ou pas. Les populations perdent déjà de lourdes tribus pour des maladies comme le paludisme, la tuberculose et le VIH pour que les intoxications alimentaires viennent anéantir les efforts des autorités sanitaires du pays. Le Bénin a besoin plus que jamais de ses producteurs pour amorcer l’émergence tant prônée par le chef de l’Etat, le président de la République.
Nous voudrions compter sur le soutien de tous pour éradiquer les intoxications alimentaires dues à l’endosulfan dans les régions septentrionales du pays.
Notre nourriture est notre santé.
Références

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